Neurocampus de Lyon : un p?le unique de recherche en neurosciences
Inauguré le 14 novembre 2019, le b?timent ? Neurocampus Michel Jouvet ? permet le regroupement de toutes les équipes du Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (CRNL) sur le site défini par le Groupement hospitalier Est des Hospices civils de Lyon et le Centre hospitalier le Vinatier, au c?ur du P?le Santé Est de la Métropole. Par son ampleur et son intérêt stratégique, cette opération confère à ce site hospitalo-universitaire le statut d’un véritable ? Neurocampus de Lyon ?, p?le unique de recherche et de formation en neurosciences, domaine phare de la recherche biomédicale lyonnaise, avec l’oncologie, l’immuno-virologie et la nutrition. Cette inauguration officielle est l’occasion de faire un point sur l’ensemble des forces lyonnaises de recherche en neurosciences, neurologie, psychiatrie, de leurs implications sociétales, et de la nouvelle visibilité internationale que leur confère ce Neurocampus de Lyon.
Les Neurosciences : des recherches à forts enjeux sociétaux
Neurocampus de Lyon – du projet à l’aboutissement
Financé dans le cadre des Contrats de Programme Etat-Région 2007-2013 et 2015-2020, le projet immobilier ? NeuroCampus de Lyon ? a été initié et porté par l’Université Claude Bernard Lyon 1, affectataire des locaux. La ma?trise d’ouvrage en a été assurée successivement par le Département du Rh?ne (2007-2014), puis par la Métropole de Lyon (2015-2019), en partenariat avec la Région Auvergne-Rh?ne-Alpes et l’Etat.
Le Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (CRNL)
Créé en 2011 et renouvelé en 2016, le CRNL est le laboratoire lyonnais en neurosciences le plus important par la taille et par les domaines couverts, et le deuxième en France après l’Institut du Cerveau et de la Mo?lle à Paris. Il comprend des membres de l’Université Claude Bernard Lyon 1, de l’Inserm, du CNRS, de l’Université Jean Monnet de St-Etienne – ses quatre co-tutelles – et également des personnels des Hospices civils de Lyon (HCL), du Centre Hospitalier Le Vinatier et du CHU de St-Etienne. Le CRNL rassemble l'expertise multidisciplinaire de 400 membres, répartis dans 14 équipes de recherche aujourd’hui toutes réunies au sein du Neurocampus.
Le CRNL développe des recherches au meilleur niveau international en neurobiologie, neurophysiologie, neurosciences cognitives et neurosciences cliniques. La direction du centre est assurée par Olivier Bertrand, directeur de recherches Inserm. Plus encore que d’autres domaines des sciences du vivant, les neurosciences sont confrontées à la question de la complexité. Des compréhensions parcellaires ne sont plus suffisantes et il devient indispensable de combiner les connaissances obtenues à différents niveaux d’organisation du cerveau, en ayant recours aux concepts et outils de nombreuses disciplines scientifiques (biologie, chimie, physiologie, psychologie, sciences cognitives, modélisation mathématique…).
Le CRNL entretient des collaborations étroites avec les h?pitaux, impulsant des échanges réciproques entre avancées conceptuelles fondamentales et défis cliniques en Neurologie et en Psychiatrie. Le CRNL compte ainsi 70 praticiens hospitaliers et hospitalo-universitaires dans dix des 14 équipes avec un intérêt particulier pour l’épilepsie, les handicaps moteurs, sensoriels et cognitifs, les troubles du sommeil, les altérations des états de conscience, les troubles du neuro-développement (autisme, maladies en DYS), les maladies neurodégénératives, la neuro-inflammation, les douleurs chroniques, et les maladies psychiatriques (schizophrénie, dépression, addiction). Ces synergies ont permis par exemple de développer de nouvelles thérapies s’appuyant sur la plasticité cérébrale (remédiation cognitive, méditation, stimulation cérébrale, réalité virtuelle, interfaces cerveau-ordinateur, neurofeedback) ou de nouvelles molécules (création de la start-up GAOMA Therapeutics dans le champ de l’épilepsie, la neuroinflammation et les déficits d’apprentissage).
Les champs d’application des recherches du CRNL s’étendent également vers des questions sociétales en dehors du champ médical comme l’apport des neurosciences aux pratiques pédagogiques et à l’éducation (projet ATOLE, l’attention à l’école).
En résumé, avec le b?timent Neurocampus venant compléter les équipes existantes sur le p?le hospitalier Est, le CRNL peut s’appuyer sur une masse critique de chercheurs et cliniciens pour consolider et enrichir ses travaux visant à ? mieux comprendre pour mieux vivre, mieux accompagner et mieux soigner ?. Cette proximité géographique facilitera grandement les interactions scientifiques entre les équipes et renforcera l’interface avec les services cliniques, avec des retombées accrues en termes de connaissances et d’applications.
Les axes thématiques futurs concernent :
- La dynamique des réseaux neuronaux en lien avec les activités cognitives et mentales et leur dysfonctionnement
- L’évolution du système nerveux central au cours de la vie (développement et vieillissement) et troubles associés
- Les interactions entre le système immunitaire et le système nerveux central
- Les neurosciences ? au naturel ? (les mécanismes cérébraux dans les conditions les plus proches de la ? vraie vie ?)
- Les connaissances en neurosciences, les pratiques pédagogiques et l’éducation
- Les neurosciences computationnelles et l’intelligence artificielle pour mieux appréhender la complexité du cerveau
Pour le prochain contrat quinquennal, le CRNL devrait évoluer vers une structuration en 18 équipes (environ 430 membres), dont une équipe de Neuro-Ethologie-Sensorielle localisée à l’Université de Saint-Etienne (l'équipe de Nicolas Mathevon qui rejoindra en fait le CRNL dès janvier 2020), et une équipe spécialisée dans le traitement des handicaps moteurs et cognitifs, qui sera localisée à proximité, dans le futur H?pital de rééducation fonctionnelle neurologique (Desgenettes).
Le CRNL en chiffres (2014-2019) :
- 400 membres
- 14 équipes de recherche labellisées
- 10 plateformes technologiques (7 dans le b?timent Neurocampus)
- 1500 articles scientifiques publiés sur la période
- 11 brevets, 5 licences logicielles, 1 start-up créée
Le Professeur Michel Jouvet, grand neuroscientifique lyonnais, découvreur et spécialiste du sommeil paradoxal
Pendant plus de 30 années, Michel Jouvet et ses collaborateurs continuèrent inlassablement à décrypter les mécanismes des états de sommeil, à corriger leurs pathologies et à chercher à en comprendre le sens dans une vision physiologique toujours intégrative. Logiquement cette période vit également la création à Lyon de nouveaux laboratoires de neuroscience, ouverts à d’autres thématiques que le sommeil et dirigés par d’anciens collaborateurs ou élèves de Michel Jouvet, tels que Marc Jeannerod, Jean-Fran?ois Pujol, Bernard Renaud, Pierre Bobillier, mais aussi par des chercheurs venus d’autres horizons (André Holley, Paul Gerin, Jacques Pernier...). Ainsi se constitua une forte communauté scientifique et médicale de recherche en neurosciences, fortement impliquée dans la formation en neurosciences délivrée par l’Université Claude Bernard Lyon 1, en particulier le DEA de Neurosciences, puis l’Ecole Doctorale de Neurosciences et Cognition (NSCo).
Lorsque à la fin des années 1980, la communauté lyonnaise des neurosciences prit conscience de la nécessité de coordonner ses efforts, de mutualiser ses moyens et de regrouper ses forces, c’est tout naturellement Michel Jouvet qui fut le leader du projet de création d’un Centre des Neurosciences à Lyon (1988). Ce projet immobilier ne re?ut pas alors un accueil suffisamment favorable de certaines tutelles scientifiques, mais une première et importante étape fut franchie en 1995 avec la création de l’Institut Fédératif des Neurosciences de Lyon (IFNL, IFR 19) dont Michel Jouvet fut le premier directeur. Et c’est bien l’IFNL, sous la direction de Fran?ois Jourdan, qui fut à l’origine en 2007 du projet Neurocampus de Lyon, puis en 2011 de la création du CRNL, où deux équipes d’anciens élèves de M. Jouvet continuent leurs travaux sur le sommeil et l’éveil au sein du nouveau b?timent ? Neurocampus ?.
On comprend dès lors pourquoi le nom de Michel Jouvet s’imposait pour désigner ce nouveau b?timent qui achève le regroupement des neurosciences lyonnaises qu’il souhaitait ardemment, dans un Neurocampus intégrant l’h?pital neurologique et neurochirurgical qui porte le nom de son ma?tre, Pierre Wertheimer.
Le NeuroCampus de Lyon : un P?le unique de Recherche, de Formation, de Soin et de Valorisation en Neurosciences, Neurologie et Psychiatrie
Tout cet ensemble constitue un environnement exceptionnel de formation pluridisciplinaire par la recherche pour des biologistes, psychologues, ingénieurs et médecins, renfor?ant notre niveau d’attractivité internationale.
C’est aussi un terreau fertile pour l’élaboration efficace de nouveaux projets coopératifs, comme par exemple la demande au CPER 2020-2025 de nouveaux équipements d’imagerie de pointe chez l’Homme (IRM à haut champ 7T) et chez le petit animal (micro TEP-IRM hybride), ou une proposition de réponse concertée en Neurosciences à l’appel à projets ? Structuration de la formation par la recherche dans les initiatives d’excellence – SFRI ? dans le cadre des programmes d’investissement d’avenir.
Le nouveau b?timent de 7000 m2 représente donc une étape importante dans la structuration du Neurocampus de Lyon qui constitue ainsi un p?le unique de recherche, de formation, de soins et de valorisation dans le domaine des Neurosciences, de la Neurologie et de la Psychiatrie, tel qu’imaginé de fa?on visionnaire par le Professeur Michel Jouvet il y a plus de 30 ans.
Photos : ? Eric Le Roux / Université Claude Bernard Lyon 1